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Les grandes écoles, qui «fabriquent» les élites du pays, fascinent et intriguent.

Écrit par Sandrine Pouverreau

«Plus tard, ça sera Polytechnique ou rien !» Quand il s’agit d’avenir et d’orientation, dans de nombreuses familles, la machine à rêves s’emballe.

C’est ainsi que beaucoup de parents fantasment sur les grandes écoles… à la place de leurs enfants. Certains même n’envisagent pas d’alternative, car c’est la tradition familiale: « Ici, on est Centralien de père en fils !» Chez d’autres encore, c’est l’expression d’une angoisse du déclassement et du chômage : une grande école, ça reste l’assurance de décrocher un job stable avec un bon salaire et des perspectives d’évolution. Et quand, dans les cours de lycée, on vous pose la question, les noms des grandes écoles reviennent aussi. Mais souvent parce que, de votre propre aveu, vous n’en connaissez pas d’autres, moins renommées mais tout aussi bonnes.

Un choix averti

La tentation de l’excellence, ça se comprend. Les formations de haut niveau trient leurs candidats sur le volet, ne gardant que les meilleurs. Ces écoles proposent un encadrement fort qui assure un confort d’études. Le corps enseignant y est trié sur le volet, la pédagogie de qualité. Enfin, elles possèdent une forte ouverture internationale, à travers des partenariats avec des établissements étrangers, des liens suivis avec les entreprises, et une activité de recherche toujours à la pointe et connectée au marché de l’emploi. Au final, la majorité des diplômés trouvent un travail rapidement… du moins pour les écoles de commerce ou d’ingénieurs, ou dans les filières santé (médecine, vétérinaire). Dans les autres filières, artistiques notamment, l’insertion est moins rapide. Mais le label « grande école» garantit d’être repéré(e) plus facilement par des professionnels.

Premier en Tle, dernier en prépa

Or l’excellence a un prix … « D’ex-premiers de la classe peuvent vite se retrouver en queue de peloton, noyés parmi les très bons élèves comme eux, constate Priscille de Beaufort, psychologue au COREP (Centre d’orientation et d’examens psychologiques). Car pour réussir dans ces filières prestigieuses, il ne suffit pas d’être un(e) élève brillantissime .Il faut aussi être motivé(e) et posséder un moral d’acier.» Concours ultra-sélectifs, charge de travail colossale, profs hyper exigeants, concurrence voire rivalité entre élèves… Il faut avoir une bonne résistance au stress pour tenir le coup. Au risque de se retrouver très vite démotivé(e), voire déprimé(e). En cas de conflit avec vos parents, un conseil : ayez recours a un intervenant extérieur (conseiller d’orientation-psychologue, coach, psy). Après avoir écouté les aspirations des uns et des autres. Il trouvera, dans là plupart des cas, des solutions convenant aux deux parties. « En 1erS, je voulais intégrer une école d’art, raconte ainsi Agathe. Mes parents s’y opposaient farouchement. Ils me voyaient en prépa ou dans une grande école d’ingénieurs. J’ai donc pris rendez-vous avec une conseillère d’orientation qui m’a fait passer des tests et des entretiens. Il s’est avéré que je n’avais peut-être pas la motivation nécessaire pour une filière artistique; en revanche, on m’a découvert un intérêt pour les sciences. C’est la voie que j’ai suivie… mais dans une école post-bac en cinq ans, spécialisée dans les biotechnologies, une filière plus concrète et idéale pour moi. »

S’ouvrir aux autres écoles

« Si vous n’avez pas le profil pour cette poignée d’écoles prestigieuses, tout n’est pas fichu, rassure Jean-Philippe Riant, coach à l’Institut européen de coaching de l’étudiant (IECE). Il existe d’autres écoles dans le même domaine, moins connues du grand public, mais d’aussi bonne qualité et avec des taux d’insertion excellents. Même une école d’ingénieurs classée entre le 20e et 25e rang dans les palmarès arrive à placer 95% de sa promo en moins de six mois et en CDI !» Reste à s’y retrouver parmi la profusion d’établissements qui composent le paysage de l’enseignement supérieur français. «Avec mes parents, on a d’abord regardé le label de l’école, raconte Arnaud, étudiant dans une école de commerce bordelaise. C’est rassurant de savoir que son établissement possède une reconnaissance officielle de l’État.» L’État peut en effet délivrer quatre labels différents.

Par ordre croissant: la certification, la reconnaissance, le visa et le grade de master. Soyez vigilant(e) à ce que l’école que vous choisissez possède au moins l’un de ces labels, voire d’autres accréditations internationales pour les écoles de commerce et de management (Equis, AACSB…). L’orientation pédagogique de l’école est tout aussi important e. Quentin a ainsi choisi Télécom École de management, parce qu’’elle est axée sur les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication). Chaque établissement, même ceux qui se déclarent généralistes, possède ses spécificités. Dans votre réflexion, la pédagogie de l’école doit donc être prise en compte, pour voir si elle colle avec vos intérêts et vos goûts.

Ne renoncez pas à vos exigences

Ne pas faire une grande école ne signifie évidemment pas que vous allez foncer tête baissée dans n’importe quelle formation. C’est, au contraire, le moment de vous poser les bonnes questions. De vous renseigner sur le contenu et les exigences des épreuves au concours. De vous informer sur ses relations avec le monde de l’entreprise (le nombre de profs, les stages possibles, etc.). De poser la question des langues étrangères proposées, des doubles cursus… « Je voulais une école qui offre une opportunité d’aller à l’étranger et qui propose des stages tous les ans, » explique Marie pour justifier son choix de l’ISTC, école de communication. Comment glaner toutes ces infos? En allant sur des salons interroger profs et étudiants, en lisant les forums et pages Facebook des écoles, etc. Surtout, vous devez profiter des nombreuses journées portes ouvertes (dès la classe de 1er, si vous en avez la possibilité) pour découvrir les écoles et leur environnement, sonder en direct l’atmosphère du campus et y rencontrer des étudiants. Ces journées sont essentielles, car elles forment vos impressions et votre ressenti sur place, éléments clés de votre future décision. « Il faut faire l’effort d’aller à la rencontre des écoles, conclut Clémence Villatte, psychologue au COREP. En effet, c’est lors de cette expérience directe que vous serez en mesure de vous y projeter, et d’évaluer si ces dernières vous conviennent. »