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La Vie, 13 juin 2018 – Tu seras pompier mon fils

Article par Violaine des Courières.

Le marché du travail est en plein chambardement. Mais les enfants, eux, continuent à jouer aux éternels métiers traditionnels, que sont l’instituteur, le policier, le pompier ou le docteur. À la question « Que veux-tu faire quand tu seras grand ? », posée à des enfants de 3 à 10 ans, arrivent en tête les termes de « médecin », « instituteur » et « agent de police ».

[…] « Le marché du travail est en total chamboulement, ce qui génère une anxiété généralisée », analyse Sophie de Branche, directrice du Centre d’orientation et d’examens psychologiques (COREP). Dans ce contexte, les parents peuvent trop vite confronter les professions imaginaires de leurs enfants au principe de réalité.

[…] Autre écueil, celui d’assimiler le rêve au projet professionnel. C’est celui « des adultes qui se rassurent en pensant que le choix de leur enfant est déjà établi », raconte Sophie de Branche. De fait, les métiers de l’enfance n’ont pas de rôle direct dans l’élaboration d’un projet professionnel futur, sauf exception. Dans une même journée, un enfant peut croiser un policier, apercevoir un camion de pompiers, parler avec son institutrice et aller chez le pédiatre. Le soir, dans sa chambre, il y a donc de fortes probabilités pour qu’il joue à être un de ces grands qu’il a rencontrés dans sa journée. Un imaginaire qui se poursuit jusqu’à l’adolescence. « Les jeunes que nous rencontrons ont encore du mal à se représenter un métier dans sa réalité. » », raconte Sophie de Branche. Le choix du métier s’affine donc avec le début de la vie adulte.

[…] Alors, quand on est parent, comment accompagner son enfant dans un marché de l’emploi qui ne ressemblera déjà plus demain à celui d’aujourd’hui ? « Il faut le laisser rêver », répondent de concert Olivier Galland, Sophie de Branche et Florence Millot. C’est une énergie vitale qui le projette vers son avenir et lui donne confiance. Ajoutons à cela que ce rêve peut révéler des aptitudes et des goûts. Il joue au docteur ? Il a peut-être des qualités altruistes. Il veut être agriculteur ? Il y a des chances qu’il aime le contact avec la terre. Accompagner un enfant vers un métier, c’est « lui donner le sens de l’effort, puis lui faire confiance, l’aimer », glisse Sophie de Branche. Un défi qui n’est rien d’autre que celui de l’éducation en somme.